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norman rockwell008Ci-dessous une présentation de la soirée de débat autour de la nécessaire sortie de la société capitaliste-marchande, entre l'objection de croissance et la critique de la valeur.

 


 

 

Nous sommes heureux de vous annoncer que Serge Latouche et Anselm Jappe seront présents le  mercredi 25 mai vers 20h00 à l'amphithéâtre de l'école des Beaux Arts de Bourges. Présentation de la soirée :

 

La prégnance de l’économie sur la vie des hommes n’est pas plus à démontrer que sa capacité à nous plonger aujourd’hui dans le désastre contemporain d’une crise de civilisation. C’est-à-dire une crise autant économique que sociale, politique, écologique, technologique, énergétique, psychique, morale et artistique : une crise véritablement anthropologique.

 

Et dans cette accélération généralisée de nos vies et de la dynamique folle et auto-destructrice de notre société, nous n’arrivons plus à comprendre ce dans quoi nous sommes pris, nous n’arrivons plus à penser la situation, la logique dans laquelle nous sommes capturés. Notre forme de vie sociale semble avoir échappé à l’emprise humaine, à notre maîtrise et même à notre intelligibilité. Ses manifestations seraient de toute façon éternelles veut-on nous faire croire, car soi-disant elles auraient existé depuis la nuit des temps et à l'état embryonnaire dans toutes les formes de sociétés. Au mieux donc, on peut les réguler, les gérer et les améliorer, c‘est-à-dire « changer de mode de vie » (plus écolo, plus égalitaire, plus favorable aux pauvres, plus démocratique) à l’intérieur de cette même forme collective de vie, qui doit en elle-même et de toute façon, rester non questionnable. On pourra aussi, si le coeur y est encore, changer pourquoi pas les gestionnaires (droite, gauche, extrême-gauche, extrême-droite, écolos, etc.) afin de faire varier le mode de distribution de toujours les mêmes principes sociaux et de toujours les mêmes formes de socialisation, comme l'URSS et les pays socialistes en ont fait l'expérience terrifiante au XXe siècle. On pourra donc discuter absolument de tout, sauf de l’existence absurde dans les anfractuosités les plus intimes de nos vies, du travail et de l’argent, des marchandises et de l’Etat, de la croissance et de l’idéologie du développement, du progrès et du crépuscule de l’économie.

 

Il est temps pourtant de repenser une théorie véritablement critique de la vie moderne, en évitant de la naturaliser et de la biologiser. Il est même grand temps car les gauches gouvernementales comme antilibérales ont toujours un marteau économique dans la tête pour imaginer « l’autre monde possible ». Loin de répondre à ces défis, elles ne savent que dénoncer l’économie de casino (financière) au nom de la bonne et saine croissance capitaliste pourvoyeuse d’emplois et d’un meilleur « niveau de vie ». Loin de nous faire sortir de l’économie, c’est-à-dire de la marchandise, de l’argent, du marché et de l’Etat, de la concurrence et du travail, cette nostalgie pour l’Etat social Providence des Trente Glorieuses, ne réclame finalement que la gestion des nuisances et du désastre pour continuer encore et toujours à redistribuer les symptômes d’une planète malade. L’enceinte de confinement de cette position extrémiste est désormais fissurée, et nous entendons désormais mettre en question les fondements même de notre forme collective de vie.

 

            Comment s’est construit notre « imaginaire économique », notre vision économique du monde ? Comment nous  rapportons nous les uns aux autres dans la société moderne ? Pourquoi voyons-nous aujourd’hui le monde à travers les prismes de l’utilité, du travail, de la compétition, de la concurrence, de la rentabilité et de la croissance sans fin ? Comment avons nous construit un monde où rien n’a plus de valeur mais où tout possède un prix ? Pourquoi notre monde possède désormais cette obsession utilitariste et quantitativiste ? Pourquoi le capitalisme est comme un sorcier fou contraint de jeter toute la nature dans le chaudron de la valorisation et de la marchandisation, pour éviter que tout s’arrête ? En un mot, comment l’économie en tant que forme de vie collective inédite dans l'histoire, a été inventée ?

 

Nous invitons ce mercredi 25 mai, deux penseurs hors norme pour répondre à ces questions aujourd’hui vitales. Serge Latouche, principal penseur des objecteurs de croissance, reviendra sur les origines de cette économie que les premiers économistes appelaient la « science sinistre ». Il avait notamment exposé ses idées dans son livre L’invention de l’économie (Albin Michel, 2005). Anselm Jappe, penseur du courant de la critique de la valeur, nous présentera aussi ses réflexions sur la forme marchandise et son fétichisme, sur la valeur et le travail, sur l’argent, l’Etat et le narcissisme contemporain. Il vient d’écrire Crédit à mort. La décomposition du capitalisme et ses critiques (Lignes, 2011). Tous deux contempteurs de la société industrielle et de sa fin en soi absurde qu’est la croissance, ils nous exposeront ce qu’ils pensent être les fondements profonds de la forme de vie mutilante et auto-destructrice que nous menons, afin de mieux définir les moyens d’en sortir.

 

 

 

D'autres textes sur ce site sur la sous-thématique du débat autour de l'objection de croissance, mais qui ne sera pas le propre de cette rencontre :

 

- Décroissants encore un effort... ! Pertinence et limites de l'objection de croissance (par Anselm Jappe)

- Antiéconomie. André Gorz et la critique de la valeur (par Franz Schandl du groupe-revue autrichien Streifzuge)

- Pourquoi l'effondrement écologique est dû à la dynamique de la valeur : une critique de l'objection de croissance (Clément) 

 

Tag(s) : #Rencontres autour de la critique de la valeur
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